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Surmonter la lassitude envers la COVID-19

Comme la plupart d’entre nous, vous en avez sans doute assez de la nouvelle réalité imposée par la COVID-19. Un sentiment de lassitude envers la COVID-19 s’installe dans tout le pays, surtout chez les jeunes. Travaillons ensemble pour nous protéger les uns les autres.

La semaine dernière, j’ai regardé le bulletin d’information avec un mélange de frustration et de consternation. Des centaines de jeunes s’étaient rassemblés sur une plage pour jouer du tambour, faisant exactement le contraire de  physique recommandé.

Comme la plupart d’entre nous, vous en avez sans doute assez de la nouvelle réalité imposée par la COVID-19. Un sentiment de lassitude envers la COVID-19 s’installe dans tout le pays, surtout chez les jeunes.

Les autorités sanitaires au Canada implorent les jeunes adultes qui recherchent activement un contact physique étroit d’agir de façon responsable. Il est maintenant clair que les « moins de 40 ans » font grimper le nombre quotidien moyen de cas de coronavirus au pays, mettant ainsi en péril la vie et le gagne-pain des Canadiens.

Permettez-moi de vous faire d’abord une brève mise à jour scientifique sur la COVID-19 et de vous expliquer pourquoi la transmission du coronavirus par les jeunes est inquiétante. Ensuite, j’examinerai pourquoi certains jeunes semblent s’en moquer (la plupart s’en préoccupent, même s’ils n’agissent pas en conséquence) et comment les aider à comprendre les enjeux.

L’administratrice en chef de la santé publique du Canada, la Dre Theresa Tam, a récemment déclaré aux journalistes qu’elle s’inquiétait de la tendance à la hausse du nombre de cas quotidiens, même si cette hausse ne la surprend pas. Avec le ralentissement de la propagation, les restrictions provinciales se sont assouplies, et bon nombre d’entre nous qui en avaient assez de nous isoler ont commencé à sortir, impatients de reprendre leurs activités sociales.

Étant donné que le SRAS-CoV-2 – le virus qui cause la COVID-19 – est un nouveau coronavirus et que les infections sont très répandues, notre compréhension scientifique augmente chaque jour. Malheureusement, au lieu d’être considérés comme utiles pour notre protection et l’éradication du virus, les nouveaux renseignements diffusés suscitent confusion et scepticisme.

Rappelez-vous qu’au départ, les scientifiques pensaient que les jeunes étaient moins sensibles au virus, que les masques n’étaient généralement pas à recommander (hors des hôpitaux) et que la maladie se propageait comme d’autres coronavirus connus.

On croyait que la principale voie d’infection était de se toucher la bouche, le nez ou les yeux sans s’être lavé les mains après avoir été en contact avec des surfaces contaminées. Or, des données récentes laissent fortement supposer que la transmission aérienne joue un rôle important dans la propagation de ce coronavirus. La transmission aérienne se produit lorsqu’en restant à proximité d’une personne infectée, on respire les gouttelettes qu’elle émet en toussant, en éternuant, en riant ou en chantant.

Contrairement à ce que nous espérions initialement, les jeunes peuvent être très malades et même mourir de la COVID-19. Près du tiers des personnes de 20 à 40 ans infectées doivent être hospitalisées. De plus, le risque que les personnes asymptomatiques ou ayant peu de symptômes puissent la transmettre à des amis, à des membres de la famille, à des collègues ou à des clients vulnérables est une autre préoccupation majeure.

Nous avons appris qu’environ 80 % des nouvelles transmissions sont causées par moins de 20 % des personnes infectées. Heureusement, la grande majorité des personnes contaminées par le coronavirus ne transmettront que très peu ou pas du tout la maladie. Mais une petite minorité d’entre elles infectent un nombre de personnes disproportionnellement élevé.

Ces « super-contaminateurs » peuvent infecter des dizaines de personnes lors d’une seule activité. Par exemple, un super-contaminateur a infecté 52 membres d’un même chœur durant une répétition dans l’État de Washington, et un autre a infecté 76 personnes lors d’un mariage en Jordanie.

Le problème, c’est que les scientifiques ignorent pourquoi certaines personnes sont des super-contaminateurs et d’autres non. Peut-être qu’elles ont une « charge virale » plus importante, c’est-à-dire une concentration élevée de virus dans leur corps, ou qu’elles transmettent le virus plus facilement. Quoi qu’il en soit, le manque de connaissances scientifiques à ce sujet exige que chaque personne soit considérée comme un super-contaminateur.

Les autorités constatent également une augmentation du taux d’infection chez les moins de 20 ans, qui peut être attribuable à une vie sociale accrue chez les adolescents et au partage de jouets et de terrains de jeu chez les jeunes enfants. Cette augmentation soulève des préoccupations, car nous savons qu’une seule personne peut déclencher de nombreux foyers d’infection.

La plupart des jeunes s’inquiètent de la COVID-19 et, de fait, des données récentes indiquent qu’ils sont encore plus sensibles aux conséquences néfastes de la crise sur la santé mentale que les adultes plus âgés. Cette sensibilité accrue peut s’expliquer de nombreuses façons : les jeunes sont plus vulnérables à la perte d’emploi et au chômage, ils ne peuvent pas quitter leur domicile en raison d’obstacles financiers ou de l’impossibilité de se rendre dans d’autres provinces ou d’autres pays, ils ne peuvent pas suivre des cours universitaires en personne et la plupart sont sociables de nature.

On entend souvent dire que les jeunes se sentent intouchables, et ce sentiment explique qu’ils prennent plus de risques et des risques plus grands que les personnes âgées. Les jeunes ont un sentiment d’invulnérabilité parce que leur capacité de prévoir et de réfléchir de façon critique aux conséquences d’une décision n’est pas pleinement développée.

Le cortex préfrontal, cette région du cerveau située derrière le front, est notre « centre exécutif ». Il nous permet d’organiser, de planifier, de prévoir et de réfléchir de façon critique. En moyenne, sa maturation ne se termine pas avant l’âge de 25 ans. Mais comme il ne s’agit que d’une moyenne, certains cortex frontaux arrivent à maturité plus tôt ou plus tard.

Si vous voulez faire la fête alors que votre centre de contrôle exécutif n’est pas tout à fait mature et qu’on vous demande de rester tranquille à cause d’un virus invisible qui, à votre connaissance, ne rend pas les gens de votre âge vraiment malades, qu’arrivera-t-il? Vous ferez la fête.

Comment raisonner votre enfant, un ami ou un collègue qui en a assez? Avec calme, clairement et d’une manière concise. Tenez-vous-en aux faits, et répétez-les encore et encore. Reconnaissez que la situation est vraiment injuste et que vous avez aussi du mal à la gérer.

Dans la mesure du possible, liez les résultats négatifs potentiels à une personne chère sans blâmer qui que ce soit. Par exemple : « Je sais que c’est vraiment nul et je comprends parfaitement ta colère. Malheureusement, si nous n’y mettons pas tous du nôtre, quelqu’un que nous aimons pourrait tomber vraiment malade. Si quelqu’un transmet le virus à mamie à l’épicerie, tu sais à quel point nous aurons du chagrin. Nous devons protéger tous les grands-parents. »

D’ailleurs, c’est pour la même raison que nous passons notre temps à répéter les consignes à nos enfants : c’est ennuyeux, alors ils n’écoutent pas, cela n’a pas d’importance pour eux, donc ils ne pensent pas aux conséquences. Fermer la porte du réfrigérateur? Ils ne paient ni l’épicerie ni la facture d’électricité, quelqu’un d’autre fermera la porte à leur place.

Hausser le ton ne vous aidera pas et vous fera sentir encore pire. Pour que votre enfant retienne ce que vous lui dites, il doit poser son téléphone, vous regarder dans les yeux et vous devez l’informer du problème (calmement) ainsi que des conséquences, qui doivent être proportionnelles à la faute commise. Ensuite, vous devez appliquer ces conséquences. Vous devez également être prêt à répéter les étapes ci-dessus un nombre incalculable de fois. Le cerveau de votre enfant finira par arriver à maturité. Entre-temps, restez calme et répétez.

La santé et le bien-être de la collectivité sont nos priorités absolues. Continuons donc à faire notre part et à travailler ensemble pour nous protéger les uns les autres.

Chaleureusement,

Diane

Diane McIntosh, B. Sc. (pharmacie), M.D., FRCPC (psychiatre, directrice générale, Copeman Healthcare Centre et chef des neurosciences, TELUS)