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Des obstacles liés à la santé mentale chez les jeunes

 

Alicia Raimundo* est gestionnaire de projets en soins virtuels à Foundry BC, un réseau de centres de services et de ressources de mieux-être en ligne pour les jeunes de 12 à 24 ans de la Colombie-Britannique. Foundry explore et met en place différents modes de prestation de service auprès de jeunes, de façon à ce qu’ils aient accès aux services exceptionnels de son réseau, où qu’ils soient et à n’importe quelle heure du jour. Nous avons discuté avec Alicia des obstacles liés à la santé mentale qui se posent chez les jeunes, ainsi que des promesses des soins virtuels en santé mentale.

Pourquoi faut-il se préoccuper de la santé mentale?

Permettez-moi de vous répondre en vous donnant des chiffres. Chaque année, on déplore environ 4 000 suicides au Canada. Le suicide demeure la neuvième cause de décès chez nous, bon an, mal an. Néanmoins, au pays, deux personnes sur trois qui ont besoin de soins essentiels en santé mentale ne les recevront jamais.

Quels sont les principaux obstacles à surmonter pour obtenir des services en santé mentale, en particulier chez les jeunes?

Il y a quelques années, je vous aurais parlé de stigmatisation, mais les mentalités ont grandement évolué, dans certains groupes à tout le moins. Je dirais donc que le premier obstacle est le manque de services en santé mentale et en traitement des dépendances, surtout auprès des jeunes. Il y a aussi bien entendu des lacunes dans les services aux enfants et adultes, mais pour les 12 à 24 ans, les services sont tout simplement rares. Les jeunes de cette tranche d’âge reçoivent des soins destinés aux enfants ou aux adultes, alors qu’ils auraient besoin de services adaptés à leurs besoins. À cela s’ajoute la crainte de demander de l’aide à autrui, et la difficulté de s’y retrouver dans le système de santé ne fait qu’amplifier la lourdeur du problème vécu.

Je me réjouis de voir des organismes comme Foundry en Colombie-Britannique et d’autres ailleurs au Canada prendre en charge les besoins particuliers de ce groupe de la population en mettant sur pied des centres faciles d’accès, pensés par les jeunes et leurs familles.

À vos yeux, en quoi les solutions numériques peuvent-elles améliorer l’accès aux services de santé mentale?

J’estime que les services virtuels offrent trois grands avantages.

Primo, ils sont accessibles de partout. Disons qu’il n’y a pas de service dans votre village ou encore que vous êtes à proximité d’une clinique jeunesse… qui est dirigée par la mère de votre meilleur ami. Malgré le professionnalisme et le respect de la vie privée préconisés par l’établissement, impossible de s’y sentir réellement à l’aise. Les soins virtuels par Internet, quant à eux, abattent les frontières.

Secundo, aucun déplacement n’est nécessaire : le patient peut parler ou clavarder instantanément avec un intervenant au moment voulu, où qu’il soit. Lorsque j’offrais un service d’entraide en ligne, il m’est arrivé d’échanger des textos pendant une quinzaine de minutes avec un jeune en pleine crise de panique, qui s’était enfermé dans une salle de bain de l’école. Ironiquement, j’ai même reçu des messages de personnes se disant anxieuses, en direct de leur thérapie de groupe!

Et tertio, beaucoup de jeunes sont renfermés et peinent à sortir de la maison, voire de leur lit. Les services en ligne leur permettent de recevoir de l’aide en lieu sûr.

Les soins virtuels pourraient-ils même s’avérer supérieurs aux consultations en personne dans certains cas?

Les soins virtuels ne sont pas nécessairement quelque chose de compliqué. Un appel, une séance de clavardage ou une application pour consigner ses humeurs peuvent très bien compléter des services offerts en personne. Et dans certains cas, oui, les soins virtuels peuvent être plus bénéfiques. Ils permettent aux patients de s’ouvrir plus librement, d’être plus transparents, et de décider du sujet qu’ils veulent aborder, lorsqu’ils sont prêts à en parler. Ces derniers peuvent abandonner le service s’ils le veulent ou demander un autre intervenant qui les comprendrait mieux.

Selon vous, quelle place tiennent les jours voués à la promotion de la santé mentale, comme ceux de la Semaine de sensibilisation aux maladies mentales et de la Journée mondiale de la santé mentale?

C’est bien que, ces jours-là, les médias et le public en général portent attention à notre travail et à notre message. Par contre, tout le monde s’entendra pour dire qu’il faut se préoccuper de la santé mentale chaque jour. On doit poursuivre la sensibilisation et s’occuper de la santé mentale au quotidien.

S’il y avait une chose à changer aujourd’hui pour améliorer la santé mentale chez les jeunes, quelle serait-elle?

Ce serait de les écouter et de les croire. Il est facile de minimiser les problèmes vécus par les 12 à 14 ans, mais, pour eux, ce sont des montagnes. Nous devons être à l’écoute et réceptifs, et prendre tout ce qu’ils nous disent au sérieux.

Auriez-vous des conseils quant à la conception de technologies pour aider les jeunes?

Les innovations ne peuvent que réussir quand on les conçoit avec des jeunes, leur famille et les cliniciens qui offrent les services. Souvent, les utilisateurs visés seront mieux à même de cerner les lacunes de l’outil. Il faut faire appel à eux tôt dans le processus. Et cette approche a été fructueuse pour Foundry : quand nous travaillons à changer les choses, nous le faisons toujours en collaboration.

Merci, Alicia, d’avoir pris le temps de répondre à nos questions et pour tout ce que vous faites!

 


Principaux obstacles aux services de santé mentale chez les jeunes

  1. Manque de services

  2. Appréhensions

  3. Méconnaissance des services offerts

« S’il y avait une chose à changer dès maintenant pour améliorer la santé mentale des jeunes, ce serait de prendre leurs problèmes au sérieux. »

* Les opinions exprimées par Mme Raimundo n’engagent qu’elle-même et peuvent différer des points de vue de son employeur et de TELUS Santé.