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Le parcours à venir pour les tests pharmacogénomiques

Les tests pharmacogénomiques (PGx) pourraient révolutionner l’utilisation des médicaments sur ordonnance au Canada en permettant d’adapter un traitement à chaque patient, tout en faisant économiser aux payeurs publics et privés des milliards de dollars en frais de santé. Cependant, des obstacles importants se dressent encore sur le chemin.

Les tests PGx servent à évaluer la façon dont un individu métabolise un médicament en fonction des variantes de ses gènes. Ils peuvent donc améliorer les résultats en matière de santé et aider les patients à obtenir le médicament le mieux adapté dès le premier essai, réduisant ainsi les risques d’effets secondaires. Les promoteurs de régime, quant à eux, peuvent réduire les coûts liés aux médicaments, aux invalidités de courte et de longue durée, à l’absentéisme et au présentéisme. 

Les tests PGx (dont le prix varie entre 300 $ et 1 500 $) ne sont actuellement pas couverts par les régimes publics d’assurance maladie au Canada, bien que les consommateurs puissent les acheter en ligne, dans les pharmacies communautaires et via certains programmes d’assurances collectives en milieu de travail. La plupart des assureurs proposent désormais le test aux promoteurs de régimes par l’intermédiaire de comptes de gestion des dépenses en santé, l’offrant à titre d’option d’assurance collective ou à tarif préférentiel.

Malgré l’efficacité des tests PGx (un projet pilote mené par Manulife a révélé que 80 % des membres ont changé leur médication à la suite du test, et que 86 % ont signalé une amélioration de leur santé mentale), leur adoption est lente en raison d’un certain nombre de facteurs. Ces tests sont relativement nouveaux, ils ne sont ni réglementés ni standardisés et, ce qui est peut-être l’élément le plus important, les employés sont préoccupés par la confidentialité des résultats des tests.

La Loi sur la non-discrimination génétique, adoptée par le Canada en 2017, interdit à toute personne ou organisation d’obliger une personne à subir un test génétique ou à en communiquer les résultats. La Loi définit les tests génétiques comme une analyse des données génétiques « à des fins telles la prédiction de maladies ou de risques de transmission verticale, ou la surveillance, le diagnostic ou le pronostic ». Bien que les tests PGx soient principalement axés sur la compatibilité des médicaments plutôt que sur la détection des maladies, ils sont tout de même assujettis à la législation.

« Tous les tests génétiques, y compris les tests PGx, relèvent de cette loi, et ce, même si aucune information issue des tests PGx n’est communiquée aux assureurs ou aux promoteurs de régime », déclare Matthew Gaudry, directeur de la gestion de produits à Canada-Vie.

Plus précisément, la Loi interdit aux assureurs et aux promoteurs de régimes d’imposer ou d’inclure systématiquement des tests PGx au titre de la couverture des médicaments sur ordonnance. Cela signifie que l’adoption des tests par les assurés et par les promoteurs de régimes prendra du temps.

« Des milliers de membres ont déjà bénéficié de ces tests, mais des milliers d’autres pourraient aussi faire de même », indique M. Gaudry. Une communication régulière avec les employés est essentielle pour les rassurer sur le fait que leur employeur n’a pas accès aux résultats des tests. « Il faut également assurer une meilleure communication avec les promoteurs de régimes qui hésitent peut-être à couvrir les tests », ajoute-t-il.

La Canada Vie offre à ses membres un programme de recommandation qui leur permet d’obtenir un prix inférieur pour les tests PGx volontaires (100 $ de réduction sur le prix régulier, qui est de 599 $). Dans certains cas, pour les travailleurs handicapés par exemple, le test est offert gratuitement. « Cela pourrait s’appliquer si un gestionnaire de cas estime que cette mesure serait appropriée. Le test peut réduire de plusieurs mois, voire de plusieurs années, le temps nécessaire à la stabilisation de la situation », explique M. Gaudry.

Les tests PGx se sont révélés particulièrement efficaces pour les médicaments destinés à traiter les troubles mentaux. Des études* ont démontré que les facteurs génétiques sont responsables de 42 % des divergences observées dans la réponse des personnes aux antidépresseurs. Avec des dizaines d’antidépresseurs disponibles sur le marché, les patients doivent souvent essayer de nombreux médicaments sur une période allant jusqu’à plusieurs mois avant de trouver le traitement optimal. Étant donné qu’un Canadien sur dix souffrira d’une dépression majeure au cours de sa vie, les tests PGx pourraient faire une énorme différence en matière de soins de santé, tout en permettant l’économie de milliards de dollars en frais de soins de santé.

Une étude* publiée en novembre 2023 dans le Canadian Medical Association Journal a révélé que l’utilisation des tests PGx chez les patients souffrant de dépression pourrait permettre au système de santé publique de la Colombie-Britannique d’économiser à lui seul près d’un milliard de dollars sur une période de 20 ans.

« Ces tests existent depuis plusieurs années, mais ils sont encore relativement nouveaux », note M. Gaudry. « Tant qu’ils continueront à apporter de la valeur, nous continuerons à les mettre à la disposition de nos membres et, avec le temps, nous espérons acquérir une meilleure compréhension de leur efficacité en termes de résultats de santé ».

Les gouvernements peuvent également contribuer à sensibiliser le public et à apaiser les inquiétudes. Le gouvernement de la Colombie-Britannique semble avoir été le premier à le faire : en juin 2023, le bureau provincial de la médecine de précision et des services génétiques (Precision Medicine and Genetic Services) a publié un guide (disponible en anglais) à l’intention des patients et des prestataires de soins au sujet de l’intégration des tests PGx dans les décisions touchant les soins de santé. Dans l’introduction de ce guide, il est indiqué que ce dernier vise à [traduction] « fournir une base pour le développement de normes de pratique relatives aux tests PGx en Colombie-Britannique ».

En résumé, malgré la multiplication et la constance des preuves confirmant les avantages cliniques et économiques des tests PGx, les normes relatives à la protection de la vie privée et l’absence de réglementation au sein de l’industrie commandent la prudence pour l’adoption de ces tests. Les normes de pratique et les lignes directrices cliniques contribueront certainement à ouvrir la voie et à apaiser les inquiétudes des patients et des cliniciens. Toutefois, cela demandera du temps. D’ici là, les assureurs, les conseillers en assurances et les promoteurs de régimes peuvent faire connaître les avantages de ces tests en toute confiance et en promouvoir l’accès au moyen de régimes privés d’assurance maladie.

* Disponible en anglais seulement.