Skip to main content
Skip to contentSkip to search
TELUS Health logo
TELUS Health logo

Pénuries de médicaments : ce que les preneurs de régime doivent savoir

Le 17 février 2021, le Globe and Mail a organisé un sommet en ligne pour examiner les répercussions des pénuries de médicaments au Canada avant et pendant la pandémie. La question est manifestement centrale pour les preneurs de régime, puisque l’accès aux bons médicaments permet aux employés de rester en santé et productifs au travail. Alors, qu’est-ce que les participants avaient à dire ?

La Dre Jacalyn Duffin, professeure émérite et titulaire de la chaire Hannah d’histoire de la médecine à l’Université Queen’s, a déclaré que les pénuries de médicaments touchent différents médicaments à différents moments, mais qu’elles peuvent avoir une incidence sur les traitements de « presque toutes les classes de maladies que l’on puisse imaginer ». Elle a identifié 17 causes susceptibles d’expliquer les pénuries de médicaments.

Une des principales est que le prix inférieur des génériques peut inciter les fabricants à interrompre la production de certains médicaments, ne laissant aucune solution de rechange si un fabricant connaît des difficultés. Pendant la pandémie, d’autres facteurs ont gagné en importance, notamment la hausse de la demande – par exemple, après que le président américain Donald Trump eut fait la promotion de l’hydroxychloroquine pour le traitement de la COVID-19 – et les obstacles à l’approvisionnement transfrontalier en matières premières.

La pénurie d’hydroxychloroquine a directement touché Jillian Kuchard, une bénévole de la Société de l’arthrite, qui dépend de ce médicament pour maîtriser sa polyarthrite rhumatoïde.

« Sans ce médicament, mon quotidien est complètement bouleversé, ma vie est chamboulée ; ma capacité à me déplacer et à faire de l’exercice, notamment, dépend réellement des médicaments que je prends », a-t-elle déclaré. « J’espérais ne pas en arriver au point où je risquerais une poussée. Je dois me rendre au travail. Je dois être fonctionnelle. Et je sais à quel point je me sentais misérable quand j’étais en crise dans le passé. C’est vraiment invalidant. »

Mme Kuchard a précisé que son pharmacien avait fait des pieds et des mains pour s’assurer qu’elle ait suffisamment d’hydroxychloroquine en dépit de la pénurie, mais, évoquant l’impact sur les patients, elle a dit que l’expérience avait été traumatisante.

Christina Tulk, pharmacienne-propriétaire et présidente de l’Association des pharmaciens du Canada, a relativisé ce travail acharné des pharmaciens. Elle a déclaré que la gestion des pénuries de médicaments peut occuper jusqu’à 20 % de sa journée, ce qui était aussi le cas avant la pandémie. Mme Tulk préconise vivement l’élargissement du champ d’exercice des pharmaciens pour leur permettre de faire des substitutions thérapeutiques – une pratique qui est autorisée dans certaines provinces seulement. Elle a toutefois souligné que les pénuries de médicaments peuvent avoir un effet domino où, en remplaçant le médicament A manquant par le médicament B, les pharmaciens pourraient provoquer une pénurie du médicament B.

« Ce problème est de dimension mondiale, et met en cause de nombreux aspects de la chaîne d’approvisionnement », a reconnu le Dr Rakesh Patel, professeur adjoint de médecine et directeur du programme de soins intensifs pour adultes à l’Université d’Ottawa. Le Dr Patel a néanmoins souligné que les médecins peuvent, eux aussi, contribuer à atténuer les conséquences des pénuries de médicaments. « La seule chose sur laquelle nous avons un réel contrôle à l’hôpital, c’est vraiment la gestion de la demande, et c’est cette approche que nous avons adoptée au cours des 10 à 12 dernières années. Ainsi, les médecins prescripteurs s’efforcent de déterminer, par ordre de priorité, qui a véritablement besoin du médicament en pénurie », a-t-il expliqué.

Parallèlement, dans le but de mieux gérer les chaînes d’approvisionnement, Angelique Berg, vice-présidente principale, Mobilisation des parties prenantes pour l’Association canadienne de la gestion de l’approvisionnement pharmaceutique, a déclaré que pour les 17 causes de pénurie de médicaments invoquées par la Dre Duffin, il existe six fois plus de solutions.

« Il est d’une importance capitale de reconnaître les réalités de notre marché aujourd’hui », a-t-elle ajouté. « Comme la majorité de nos médicaments sont fabriqués à l’étranger, leur contrôle nous échappe, si bien que le marché décline une partie de la responsabilité à cet égard. Le ciel ne nous tombera pas forcément sur la tête, mais il nous faut planifier, coordonner et anticiper judicieusement nos besoins et prévoir les tendances du marché pour pouvoir tirer le meilleur parti de notre place sur la scène mondiale. »

« Les contraintes liées à la fabrication à l’étranger ne supposent pas forcément que le Canada doive (ou puisse) rapatrier la fabrication de médicaments », a expliqué James Scongack, premier vice-président, Services de l’exploitation et affaires de l’entreprise chez Bruce Power, qui produit localement des isotopes médicaux pour les marchés canadien et international. « Notre pays est incroyable… et pourtant il est très petit par rapport à l’importance de notre économie, à la taille de notre population si l’on se compare aux plus grands acteurs », a-t-il précisé. « Il nous faut donc vraiment choisir nos points forts. Où pouvons-nous encore exercer une grande influence ? »

Quels sont ces points forts ? « Nous excellons dans les premières étapes de la recherche, et certaines de nos grandes entreprises d’intelligence artificielle s’efforcent d’identifier des molécules qui ont de meilleures chances de parvenir jusqu’au patient », a suggéré Richard Gold, professeur à la chaire James McGill de la faculté de droit de l’Université McGill. Pour exploiter nos atouts, il souhaiterait que le gouvernement fédéral repère plus activement les domaines comme celui-ci et y investisse, de sorte que les organisations universitaires et industrielles de même que les regroupements de patients puissent collaborer plus efficacement pour améliorer l’approvisionnement en médicaments.

La Dre Durhane Wong-Rieger, présidente et directrice générale de la Canadian Organization for Rare Disorders, a également souligné l’importance des partenariats, notamment avec les provinces, le gouvernement fédéral, les régimes privés d’assurance médicaments, les hôpitaux, les patients et les entreprises pharmaceutiques.

« Il faut que ce soit une mobilisation concertée où chacun s’assure de la convergence de nos efforts ; ainsi, le bon médicament pourra être administré au bon patient, d’une manière qui sera la plus efficace possible pour le système, et pas seulement au meilleur prix », a-t-elle insisté.

The post Ce que les preneurs de régime peuvent retenir du sommet du Globe and Mail sur les pénuries de médicaments. appeared first on Carrefour assurances santé.